Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Eté ou hiver ? La date de la CAN 2025 au Maroc fait polémique

La Coupe d’Afrique des nations 2024 s’est achevée le 11 février sur un triomphe, celui de la Côte d’Ivoire, le pays hôte, et un mystère sur les dates de la prochaine édition au Maroc. Alors que la Fédération royale marocaine de football (FRMR) avait annoncé par communiqué le 5 février que la CAN aurait lieu « à l’été 2025, conformément à la haute sollicitude royale », l’Agence France-Presse avait précisé à la fin du mois, sur la base d’une déclaration anonyme d’un membre de la Confédération africaine de football (CAF), que le tournoi aurait lieu du 20 juillet au 17 août 2025.
Seulement, très vite, Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général suisso-congolais de l’instance, avait contredit cette information, précisant que « la CAF ne savait pas encore quand aurait lieu la compétition », la date faisant l’objet de discussions avec « le Maroc, la FIFA et l’Association européenne des clubs ».
Le Monde a depuis contacté un membre de la CAF et plusieurs présidents de fédérations africaines, qui confirment les propos de M. Mosengo-Omba. « Nous n’avons effectivement reçu aucune information sur les dates de la CAN 2025, nous savons juste qu’elles seront annoncées prochainement », assure ainsi Saïd Ali Athoumane, le président de la Fédération de football des Comores (FFC).
Le temps, très certainement, de trouver un espace dans le complexe calendrier international et alors que l’été 2025 est déjà accaparé par la nouvelle édition de la Coupe du monde des clubs, qui réunira du 15 juin au 13 juillet, aux Etats-Unis, trente-deux équipes de tous les continents. Plusieurs internationaux africains susceptibles d’être sélectionnés à la phase finale de la CAN devraient d’ailleurs y participer.
Gianni Infantino, le président de la FIFA, accorde beaucoup d’importance à ce tournoi, qui servira de répétition générale à la Coupe du monde organisée aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. « Il n’a pas envie que la Coupe du monde des clubs soit concurrencée par la CAN, non seulement car des clubs seraient privés de leurs internationaux africains, ce qui ferait perdre de la valeur à l’épreuve, mais aussi pour la question des droits télé, décrypte un ancien membre de la FIFA. Gianni Infantino va donc probablement peser de tout son poids, et il est important, pour que la CAN se déroule à d’autres dates. »
L’hypothèse d’une CAN entre le 15 juin et le 15 juillet apparaît donc compromise, et le raisonnement vaut également pour la période allant du 20 juillet au 17 août. En effet, cela obligerait certains joueurs ayant disputé la Coupe du monde des clubs à traverser l’océan Atlantique pour enchaîner avec une seconde compétition organisée lors des deux mois les plus chauds de l’année au Maroc, et sans avoir pu se préparer avec leur sélection nationale.
« Ce serait dangereux pour la santé des joueurs, déjà très sollicités, et difficile à faire admettre aux clubs », prévient Raoul Savoy, le sélectionneur suisse de la Centrafrique. En effet, les joueurs doivent disposer d’un temps de repos obligatoire après un tournoi international.
Or, au mois d’août, les championnats nationaux et les compétitions interclubs continentales ont déjà repris. Les joueurs concernés par la CAN ne seraient donc pas immédiatement disponibles pour leurs clubs respectifs. De plus, la FIFA a déjà programmé entre le 1er et le 9 septembre 2025 les 7e et 8e journées des qualifications pour la Coupe du monde 2026.
« Cela signifierait donc que pour les sélections qui iraient le plus loin à la CAN, leurs joueurs n’auraient que quelques jours de vacances avant de repartir en Afrique fin août disputer ces matchs éliminatoires pour le Mondial ? Cela me paraît impossible », constate l’Italien Stefano Cusin, le sélectionneur des Comores.
Confrontée à cette réalité du calendrier, la CAF va devoir rapidement se positionner. Mais au sein de plusieurs fédérations africaines, la perspective de jouer la CAN en janvier et février 2025 ou 2026 fait son chemin. « La date de l’hiver 2025 circule en effet. Quand on examine le calendrier de près, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une hypothèse plausible, admet Lazare Banssé, le président de la Fédération burkinabée de football (FBF). De plus, les infrastructures nécessaires existent déjà au Maroc. » Le royaume a en effet retenu six stades (Rabat, Casablanca, Agadir, Marrakech, Tanger et Fès) pour accueillir la compétition, tous homologués par la FIFA même si certains d’entre eux font l’objet de travaux d’aménagement.
Devant l’inconnu qui perdure, une source marocaine proche du dossier avance quelques hypothèses. « La CAN en janvier et février 2025, avec les travaux, je ne sais pas si le Maroc serait dans les temps. Elle pourrait se jouer en été si la FIFA accepte d’avancer à début juin la Coupe du monde des clubs. Ou en janvier et février 2026 », souligne-t-elle. La CAF doit annoncer prochainement les dates de la compétition. Un verdict que Sébastien Desabre, le sélectionneur français de la République démocratique du Congo, attend sans angoisse particulière.
« L’idéal, ce serait en été, du 15 juin au 15 juillet, mais avec la Coupe du monde des clubs, cela me semble compromis. On sera de toute façon heureux d’y être, quelle que soit la période », se satisfait-il. Cependant, le temps d’une décision presse. Les 20 et 26 mars, quatre matchs sont prévus entre les huit sélections africaines les moins bien classées pour un premier tour préliminaire. Les matchs de qualification à la prochaine CAN se dérouleront, eux, de septembre à novembre 2024.
Alexis Billebault
Contribuer

en_USEnglish